« Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles : un enjeu majeur pour notre jeunesse, un défi essentiel pour préparer la société de demain » Pierre Mathiot
« Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles : un enjeu majeur pour notre jeunesse, un défi essentiel pour préparer la société de demain » Pierre Mathiot
La réforme du baccalauréat est un engagement de campagne du Président de la République. Le Ministre de l’Education nationale Jean-Michel BLANQUER a confié en novembre une mission de réflexion sur le sujet à Pierre MATHIOT, professeur des universités et ancien directeur de Sciences Po Lille, également très engagé sur la question de l’égalité des chances.
Après plus d’une centaine d’auditions et une consultation numérique auprès des lycéens, le rapport de Pierre MATHIOT a été remis mercredi 24 janvier au Ministre de l’Education nationale. Le Ministre a présenté sa réforme au Gouvernement le 14 février en Conseil des Ministres et les premiers changements devraient être visibles lors de la rentrée scolaire de 2019. Parallèlement, le Conseil supérieur des programmes travaillera sur les nouveaux programmes scolaires du lycée.
La nouvelle réforme du baccalauréat entrera pleinement en vigueur en 2021 : les élèves concernés sont donc ceux qui sont actuellement en classe de troisième.
Cette réforme touchera essentiellement les baccalauréats général et technologique, la voie professionnelle faisant l’objet d’une autre mission, menée par la députée LaREM Céline CALVEZ et le chef cuisinier Régis MARCON.
En dépit d’une réussite largement majoritaire à l’examen du baccalauréat (90%), aujourd’hui, l’enseignement supérieur est marqué par un échec très important à l’université, avec 60% des étudiants qui échouent à obtenir leur licence en trois ans et 25% jeunes actifs sont aujourd’hui au chômage, contre 6% en Allemagne.
L’organisation du baccalauréat est également très complexe : chaque année, plus de 2000 sujets sont ainsi élaborés, 4 millions de copies doivent être corrigées et chaque année des fuites et des incidents ponctuent ce diplôme.
Les lycéens passent aujourd’hui entre 10 et 16 épreuves en terminale mais aucun résultat n’est pris en compte dans les vœux de poursuite d’études dans l’enseignement supérieur. La spécialisation du baccalauréat général est également imparfaite puisque 52% des lycéens de série générale en S et 40% des bacheliers scientifiques disent ne pas vouloir faire d’études scientifiques.
Les Français sont très attachés au baccalauréat, véritable symbole républicain. Cependant, la forme actuelle du diplôme n’est pas satisfaisante. Cette réforme est ainsi l’occasion d’un débat civique important sur la place que les Français veulent donner à ce diplôme, comme passerelle vers l’enseignement supérieur, mais également comme élément de cohérence du parcours scolaire de la maternelle jusqu’au baccalauréat.
Le système actuel demeure un système faussement égalitaire, qui ne résout pas la question des inégalités entre les établissements.
Le Gouvernement a engagé dans un premier temps la réforme de l’université avec l’examen au Parlement du projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants et le lancement de la plateforme d’admission Parcoursup. A travers la réforme du baccalauréat, l’enjeu est désormais de préparer la réussite des étudiants dès le lycée.
Le nouveau baccalauréat, mis en palce en 2021, sera plus simple dans son organisation, plus lisible et en même temps plus juste car l’évaluation du travail de deux années ne repose plus sur quelques jours en fin de terminale.
Le baccalauréat sera recentré autour de 4 épreuves terminales (deux épreuves écrites de spécialité au printemps, une épreuve de philosophie et un oral de 20 minutes en juin) qui compteront pour 60% de la note finale. L’épreuve orale permettra de travailler cette compétence fondamentale pour la réussite des élèves dans leur vie personnelle et professionnelle. Une part de contrôle continu est également introduite (30% de la note finale via des épreuves sur le modèle actuel des « bac blancs » et 10% via les bulletins scolaires). L’épreuve anticipée de français en juin pour les élèves de 1re est maintenue.
Les lycéens seront accompagnés dans leurs choix et un temps dédié à l’orientation leur permettra de construire leur parcours en fonction de leurs goûts, de leurs motivations et de leurs projets.
Le nouveau baccalauréat sera organisé selon les mêmes modalités pour l’ensemble des élèves scolarisés, que ce soit pour les séries générales ou technologiques. Les filières L, ES et S seront également supprimées et remplacées par un tronc commun de matières, ainsi qu’un système de majeures et de mineures permettant à l’élève de se spécialiser au fil de sa scolarité (ainsi plus le lycéen avance dans sa scolarité et plus les heures de tronc commun s’amenuisent).
Un socle de connaissances communes sera proposé (français, philosophie en terminale, histoire géographie, enseignement moral et civique, deux langues, éducation physique et sportive). Une nouvelle discipline, dénommée « humanités numériques et scientifiques », enseignera à tous les lycéens les connaissances fondamentales pour vivre et agir dans le XXIe siècle en approfondissant les compétences numériques ainsi que la compréhension des grandes transformations scientifiques et technologiques de notre temps (bioéthique, transition écologique, etc.).
Pour approfondir les disciplines qui les intéressent, les lycéens choisiront trois enseignements de spécialité en première puis deux en terminale parmi 10 dont 2 nouveaux : numérique et sciences informatiques et humanités, littérature et philosophie. Des enseignements facultatifs permettront d’enrichir leur parcours. Les élèves pourront donc approfondir leurs connaissances dans des matières qu’ils ont choisies et qui les passionnent.